En janvier, priez avec François de Sales
Un maître spirituel inégalé
Nous devrions sans cesse revenir aux auteurs essentiels, disait un jour un vieux père dominicain, et, ajoutait-il, en spiritualité on n’a guère
égalé depuis le XVIIe siècle les écrits de saint François de Sales. Ce dernier, en effet, offre à son époque la quintessence de la pensée spirituelle chrétienne. Pétri
de l’Écriture sainte, des Pères de l’Église, de tout ce que le Moyen Âge a pu produire, doté d’un bon sens savoyard doublé d’une redoutable éducation
aristocratique, François, tant par ses lettres que par ses oeuvres, est un guide très sûr pour l’âme qui veut progresser dans l’amour de Dieu, sans se perdre dans
des conjectures spiritualo-gélatineuses ! Si son style peut nous paraître parfois di¡cile, sa pensée n’a pas pris une ride.
Qu’on en juge : « En matière de biens, l’envie nous fait toujours paraître celui du prochain plus grand que le nôtre. En matière de maux, l’amour de nous-mêmes nous fait toujours paraître le nôtre
plus pesant que celui d’autrui. Et en fait d’imperfections, nous sommes des aigles sur celles d’autrui, et des taupes sur les nôtres. » Comment en une simple phrase, et en quelques images, amener
tout un chacun à un véritable et décapant examen de conscience !
Cela vous décourage ? Notre saint vous donne le remède aussitôt : « Dans le régime des âmes, il faut une tasse de science, un baril de prudence et
un océan de patience. » Ah, cette patience qui nous fait tant défaut et dont nous aurions tant besoin pourtant afin d’être capables de nous aimer en vérité,
c’est-à-dire comme Dieu lui-même nous aime.
François de Sales nous y invite : « On a besoin de patience avec tout le monde, mais particulièrement avec soi-même. » Voilà qui est dit ! Que la découverte
ou la redécouverte des textes de cet auteur nous invite à recourir à ses sages leçons. Cette dernière peut sans nul doute nous aider sur nos chemins de vie trop
souvent parsemés de péchés : « Il y a beaucoup de personnes qui se trompent grandement, en ce qu’ils croient que ceux qui font profession de la perfection,
ne doivent point tomber en des imperfections, et particulièrement les personnes religieuses ; car les religions ne sont pas faites pour réunir des personnes
parfaites, mais des personnes qui aient le courage de prétendre à la perfection. »
Abbé Christian Venard